L’incarnation comme modèle pour la mission
Nous venons de célébrer Noël. La grande nouvelle est que Dieu est devenu homme et il est venu habiter le centre-ville de Nazareth avec l’intention d’y rester pour quelques temps. Il a mis en marche ce qui deviendrait le modèle essentiel de la mission de son peuple. « Comme le Père m’a envoyé, ainsi je vous envoie dans le monde. » (Jean 17.18, 20.21)
L’incarnation est le cœur et la nature mêmes de la mission et elle ne peut être autre chose. Nous sommes appelés à aller dans le monde parce que c’est le monde que Dieu aime tant, le monde qui doit être rétabli, le monde dans lequel le Royaume doit venir. La particularité de l’incarnation est qu’elle nous enseigne que les choses sont changées et transformées depuis l’intérieur. Dieu est venu dans le monde en la personne de Jésus et il est venu dans nos propres vies par l’Esprit. Dieu nous habite ainsi que le monde et le changement se produit selon l’espace que nous lui permettons de remplir.
L’Église (et JEM aussi) a souvent limité la directive de Jésus, « allez dans monde », à son sens géographique (Judée, Jérusalem, les extrémités de la terre). Mais le monde dans lequel Jésus est venu était aussi politique, militaire, culturel, économique (pêche, agriculture, viticulture pour produire de bons vins, etc…). La dimension religieuse de la culture est celle dont il gardait une distance. Il est venu comme un vrai homme pour habiter dans un vrai monde. Mais l’Église est allée dans le monde en y apportant sa propre culture et en demandant aux gens de s’y joindre. Elle a participé à une forme de colonisation religieuse qu’elle soit catholique, protestante ou évangélique. Au lieu d’aller dans le monde par le moyen de l’incarnation, nous avons préféré nos propres cultures religieuses.
Nous avons demandé aux gens de sortir du monde bien que Jésus nous demande le contraire :
«Venez dans nos programmes, venez dans nos communautés chrétiennes, sortez du monde car il est déchu ». Mais Jésus est venu dans notre monde brisé et dans nos vies tout aussi brisées parce que c’est depuis l’intérieur qu’il commence à reconstruire au milieu de nos ruines.
À quoi donc le monde ressemble-t-il quand nous voyons tant de cultures, de peuples et de nations? Comment puis-je les aimer tous ? Réponse : en aimant l’individu, le particulier. Jésus est venu dans le monde en ne se limitant qu’à une seule famille, un seul village, un seul peuple, une seule langue, une seule culture et un seul pays. En ciblant le particulier avec toutes les contraintes que représente le fait d’être enraciné, il a vécu et il est mort d’une façon qui a transformé le monde entier. Parfois, notre relation avec le monde demeure superficielle à cause d’un nombre incalculable de voyages que nous faisons. Posons-nous donc les questions suivantes : « À quel point sommes-nous engagés dans notre localité ? Nos programmes de formation enseignent-ils à nos étudiants la manière de s’enraciner là où le Seigneur les a placés et ce que vivre l’incarnation signifie ou sont-ils plutôt superficiels parce que nous ne faisons que passer sans rester assez longtemps pour apporter des changements significatifs ? » Mais le message de Jésus demeure : « Comme le Père m’a envoyé ainsi je vous envoie dans le monde. »
Pierre LeBel
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